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L'impact de l'incendie de Lubrizol à Rouen sur la qualité de notre eau

Un incendie à l’usine Lubrizol de Rouen

Introduction

C’est à 2h40 du matin ce jeudi 26 septembre 2019 que s’est déclaré un incendie spectaculaire à l’usine Lubrizol de Rouen, un site classé « Seveso ». De cet incendie, est né un énorme nuage de fumée atteignant des proportions maximales de 22 kilomètres de long pour 6 kilomètres de large. Ce nuage d’un noir profond et à l’odeur nauséabonde s’est d’abord dirigé vers le nord et le nord- est du pays notamment sur l’axe Rouen-Lille en passant par la Normandie et la Somme. Le nuage aurait, selon les météorologues, été entraîné par des vents venus du sud-ouest. Le lendemain, le nuage traversait la Belgique avant de poursuivre sa route vers le Pays-Bas où il a continué de se disperser de manière à se diluer un peu plus à chaque instant.

 

 

Image 1 : Représentation du déplacement du nuage issu de l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen

 

Des interdictions de collectes d’œufs, de lait et de miel ont vu le jour en Normandie et dans les Hauts-de-France. L’agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France annonçait le dimanche 29 septembre 2019 que des témoignages de suie avaient été rapportés à Lille, dans l’Aisne et dans l’Oise.

Pendant ce temps, en Belgique, dans la province du Hainault, on a retrouvé des traces de suie provenant de l’incendie Rouennais. Le centre de crise leur préconisait de bien aérer leurs habitations, de porter des gants pour nettoyer les résidus tombés du ciel et de bien laver tous les fruits et légumes produits localement. La concentration étant de plus en plus faible avec le temps et la dilution, les Pays-Bas ne semblent pas prendre de mesures particulières.

 

Pourquoi tant de mesures ?

Pour comprendre l’ensemble des mesures prises par les différents gouvernements européens vis à vis du nuage dégagé par le site Rouennais de Lubrizol, il faut d’abord comprendre ce qu’est un site classé Seveso. Ce terme est l’homonyme d’une ville italienne située en Lombardie. En juillet 1976, cette ville subit l’explosion d’une usine chimique qui causa l’émergence d’un nuage de Dioxine qui se répandit aux alentours de la ville. Depuis cet incident, le terme est rattaché à une directive européenne destinée à maîtriser les accidents majeurs impliquant des substances dangereuses. Actuellement, une entreprise dite « Seveso » présente une activité liée à la manipulation, la fabrication, l'emploi ou le stockage de « substances dangereuses ». L’incendie d’une de ces structures pourrait donc potentiellement dégager des substances nocives qu’il faudrait limiter par tous les moyens disponibles.

L’usine Lubrizol, classée Seveso seuil haut, contenait donc des produits classés dangereux. L’hebdomadaire Marianne nous révèle que : « Sur les 5253 tonnes de substances présentes dans l'entrepôt, 856 tonnes appartenaient, dans la classification établie par l'institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), à la catégorie de risque "H304" : "Peut être mortel en cas d'ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires".

"Parmi les dix produits stockés en plus grande quantité dans l'entrepôt incendié - qui n'ont pas tous brûlé intégralement -, certains portent, entre autres, l'étiquette H360F – "Peut nuire à la fertilité ou au fœtus", ou encore H412 : "Nocif pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme". En clair, l'agence européenne des produits chimiques (ECHA) qualifie de potentiellement cancérigènes les différents types de distillats de pétrole listés par Lubrizol."

Ce passage ne mentionne pas les 8000 m² de toiture en amiante partis en fumée. On peut donc comprendre les inquiétudes des riverains et des régions limitrophes de la Seine-Maritime. Mais, comme le dit le préfet du département Pierre-André Durand : « Comme dans de nombreux sites industriels, il y a de l'amiante. Dans l'air, il n'y a pas d'inquiétude à avoir, c'est tout à fait clair. Par contre, il y en a sur le site de l'usine et il va y avoir un travail de restauration très poussé à mener.»

Les produits toxiques détectés tels que le mercaptan, l’acroleine, la dioxine, l’amiante, les furanes, les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), et des métaux lourds (plomb ; cadmium, mercure) etc... seraient en quantité insuffisante pour être considérés comme nocifs.

Seulement, comme le précise la ministre de la santé Agnès Buzyn : « Je ne peux pas dire qu'il n'y a pas de danger, il y a forcément des traces d'hydrocarbures.»

Finalement, ce qui est le plus inquiétant, ce n’est pas le résultat de la combustion des hydrocarbures connus mais l’ensemble des produits dont la transformation due à une combustion partielle n’est pas encore connue. Et comme le précise l’expert judiciaire et ingénieur chimique Frédéric Poitou, seulement un centième des mesures nécessaire pour connaître ce qui est vraiment dégagé dans les airs et dans les eaux de réseau a été mis en œuvre pour le moment. Ainsi, il est impossible de conclure quant à la nature inerte ou inoffensive de la fumée et de cendres résultants de l’incendie. En revanche, on sait déjà que la fumée contient de l’amiante, des métaux lourds (plomb++), du mercaptan, des hydrocarbures et autres substances cancérigènes… Il reste à préciser leurs concentrations et leurs impacts sur l’environnement et la santé de nos concitoyens.

"On a des produits dangereux, on a des produits de combustion dangereux, après pour savoir s'il y a un risque sanitaire, il faut des données d'exposition" qui manquent encore, résume auprès de l'AFP Fabrizio Pariselli, toxicologue à l'unité de prévention du risque chimique du CNRS. La ministre de la Santé ne peut ainsi que rassurer : "Cette pollution qui est réelle, pour l'instant, elle n'entraîne pas de risques pour la santé, avec ce que nous connaissons aujourd'hui." Quant à demain, il est trop tôt pour le dire.

 

L’avis des experts

Aujourd’hui, les conclusions de l’Anses sont rassurantes. Ce lundi 21 octobre 2019, les concentrations des produits potentiellement dangereux actuellement mesurables sont inférieures aux teneurs maximales réglementaires. C’est pourquoi les restrictions sur le miel, les poissons d’élevage, les œufs et certains fruits et légumes ont été levées, excepté dans quelques zones de la Somme qui dépassent encore les taux maximaux autorisés. Sur le long terme, la pollution des sols entraînées par l’incident devrait avoir des conséquences sur les champs et les nappes phréatiques.

 

Dans cet article, je vous laisse écouter l’avis aussi cartésien qu’objectif de l’ingénieur chimiste et expert judiciaire Frédéric Poitou, qui me servira également de conclusion : https://www.youtube.com/watch?v=_wm877pVvdc

 

Sources :

https://www.seveso.be/fr/que-signifie-seveso

https://www.marianne.net/societe/usine-lubrizol-de-rouen-la-toxicite-des-produits-analysee-par-un-expert

https://www.lepoint.fr/societe/lubrizol-la-liste-des-produits-brules-bientot-devoilee-01-10-2019-2338810_23.php

https://www.tvlibertes.com/actus/selon-le-journal-belge-le-soir-le-nuage-de-fumee-de-lincendie-de-rouen-a-traverse-la-belgique-et-se-trouve-desormais-au-dessus-des-pays-bas

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/incendie-a-l-usine-lubrizol-de-rouen-quelle-est-la-trajectoire-du-nuage-noir_2100517.html

https://www.youtube.com/watch?v=_wm877pVvdc

https://www.sudouest.fr/2019/10/21/lubrizol-miel-oeufs-legumes-de-nouvelles-levees-de-restrictions-6728331-4696.php

https://www.sudouest.fr/2019/10/21/lubrizol-miel-oeufs-legumes-de-nouvelles-levees-de-restrictions-6728331-4696.php

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